Rencontre : quand la musique vibre sur la corde sensible
Ce qui me touche profondément, c’est le sens de l’harmonie. Dans ma classe, une fille avait amené son violoncelle en cours de musique. Elle n’avait pas pu jouer trois notes, se souvient-il. A l’adolescence, je me cherchais et j’ai trouvé sympa l’idée de faire de la musique.
L’été suivant, fasciné par le son d’une harpe celtique jouée dans la cour du Louvre, il décide d’apprendre cet instrument.
Le son m’a traversé, j’aurais pu rester à l’écouter pendant des heures.
Un chemin musical hors des sentiers battus
Commencer la harpe à 15 ans fut un défi. Trop âgé pour intégrer un conservatoire, il bénéficie du soutien de ses parents et de circonstances favorables : il trouve une école associative à Vertou et un ami de la famille lui prête une harpe celtique, alors difficile à se procurer. Grâce à ces opportunités, il débute son apprentissage avec enthousiasme.
Deux ans plus tard, il intègre le Conservatoire de Nantes en suivant sa professeure, Catherine Nguyen, où il découvre la grande harpe avec Isabelle Perrin. Ce nouvel instrument lui ouvre les portes d’un répertoire classique plus vaste et exigeant mais qui correspond mieux à ses aspirations. Il évoque aussi les contraintes culturelles liées à la harpe celtique, très associée à l’identité bretonne :
Pour être harpiste celtique professionnel, il fallait vraiment être identifié comme breton. Je ne sentais pas cette fibre.
Après son diplôme en 2001, il envisage des études supérieures mais les critères d’âge des conservatoires français compliquent son admission. Sur les conseils de sa professeure de l’époque, Nathalie Henriet, il se tourne vers l’étranger.
L’Allemagne lui ouvre de nouvelles perspectives : il intègre la classe de la renommée Helga Storck à la Hochschule de Munich. Là-bas, il obtient son diplôme et passe neuf ans entre Munich et Aix-la- Chapelle, perfectionnant son jeu, enseignant et s’épanouissant dans sa carrière artistique.
Une passion à partager
En 2007, il revient dans la région nantaise. Son retour est facilité par son réseau artistique local, qui l’accueille chaleureusement. Il commence à enseigner dans plusieurs écoles de musique de la région nantaise et ancenienne et s’implique dans la vie culturelle. Cette même année, il rejoint la Camac, célèbre fabricant de harpes, où il teste les instruments avant leur commercialisation.
Je suis le premier à jouer sur la harpe, à la faire vibrer, la première oreille : il faut que le son soit parfait, explique le harpiste.
L’enseignement occupe aussi une grande place. Il apprécie la pédagogie pour sa dimension humaine et l’adaptabilité qu’elle permet dans une école associative, loin de la rigidité des conservatoires. Plusieurs de ses élèves intègrent toutefois le Conservatoire de Nantes :
C’est gratifiant, mais ce n’est pas un objectif en soi, admet-il.
Parallèlement, Jacques-Emmanuel fonde avec des collègues l’ensemble Hexarpa. Il apprécie le jeu collectif et aime se produire avec des orchestres « même si souvent, on n’entend pas la harpe » regrette-t-il. Ouvert aux nouvelles expériences, il explore également des répertoires variés et arrange des morceaux inattendus, comme ceux de Nirvana ou de Gainsbourg, par exemple.
Dans le cadre du festival Harpes au Max, il coordonnera un ensemble de harpes, constitué de l’école Arpège d’Ancenis-Saint- Géréon et d’écoles des environs, qui accompagnera Evelyn Huber. Il se produira pour deux concerts avec Hexarpa et interviendra dans des écoles du Pays d’Ancenis pour faire découvrir les différents types de harpes, en jouer, et ainsi chercher à éveiller la culture musicale des enfants.
Pour moi, chaque individu, s’il le désire, peut apprendre la harpe et par extrapolation, la musique.