Mise à jour le 08/03/2022

D'où vient le nom des îles de Loire ?

L’île Perdue, l’île Chagrin, l’île-aux-Bergères, l’île Batailleuse, l’île Petit-Pierre... Les îles de Loire portent des noms qui font rêver. Mais d’où viennent-ils ? Un pâtre ancenien nommé Petit-Pierre allait-il autrefois conter fleurette aux bergères du Marillais ? En fait, l’origine de ces noms est plus prosaïque. Ils sont empruntés le plus souvent aux anciens propriétaires des îles. Ce sont aussi des témoins précieux de l’évolution des paysages de Loire.

Changement de propriétaire

Dans la plupart des cas, les îles de Loire ont porté le nom de leur propriétaire. Et changé de nom au gré des reventes. C’est le cas de l’île Delage, en amont du port d’Ancenis. Au XVIIIe siècle, c’est l’île de La Forêt, du nom d’un marchand nommé Hardouin de La Forêt, puis l’île Justeau, du nom d’un négociant. Sur le plan du cadastre, en 1811, c’est l’île Le Fevre. Vient un jour où le nom se fixe, on ne sait pourquoi. Malgré les changements de propriétaire, elle garde définitivement son nom. C’est arrivé très tôt pour l’île Coton. Elle tient son nom, qu’elle garde depuis le XVIe siècle, d’une famille de marchands d’Ancenis. Le nom de l’Île Kerguelin s’est fixé deux siècles plus tard. Il lui vient de Louis Le Rousseau, seigneur de Kerguelin, son propriétaire d’alors. L’île Briand, en face d’Anetz, porte déjà son nom actuel sur une carte de 1766, alors qu’elle appartient à un certain sieur Juliot et a changé bien des fois de propriétaire depuis cette date.

L’exemple de l'île aux moines

À la fin du Moyen Âge, elle s’appelait l’île de Juigné et appartenait aux seigneurs d’Ancenis. Donnée au couvent des Cordeliers d’Ancenis au XVIe siècle, elle devient l’île aux Moines. Vendue comme bien national sous la Révolution à un Ancenien, elle est rapidement revendue au Nantais Ferdinand Petit-Pierre. D’origine suisse, il est propriétaire d’une fabrique d’indiennes (tissu de coton imprimé) sur l’île de Vertais à Nantes. L’île garde le nom de Petitpierre pendant deux générations, s’appelle brièvement l’île Bourbon, puis retrouve définitivement son nom d’île aux Moines.

Le nom de l'île survit à sa disparition

Les noms des îles restent en usage même longtemps après que l’île ait été rattachée à la berge ou se soit agglomérée à une autre île. Ils constituent ainsi des témoins de la géographie mouvante des paysages de Loire. L’île Mouchet, autrefois du Bois-Mouchet, est un lieu de promenade prisé des Anceniens. Mais c’est une île fossile. Il y a près de deux siècles qu’elle est rattachée au rivage. L’île Verte et l’île-aux-Oiseaux sont aussi des îles fossiles, rattachées à la berge du Maine-et-Loire. Elles appartiennent pourtant à la commune d’Ancenis-Saint-Géréon et à la Loire-Atlantique, car toutes les îles du secteur dépendaient autrefois de la baronnie d’Ancenis. L’île de Gâche et l’île du Buzet sont rattachées à la grande île Batailleuse de Loireauxence (Varades), mais ont conservé leur nom et sont restées angevines. Quant au nom de l’île Neuve, à Oudon, il rappelle que de nouvelles îles pouvaient se former et s’accroître en Loire en quelques années.

Un nom énigmatique

L’origine de certains noms d’îles reste obscure. C’est le cas de l’île Batailleuse. On rattache souvent ce nom aux Normands qui avaient établi un camp près du Mont-Glonne (Saint-Florent-le-Vieil) à la fin du IXe siècle. Mais rien ne prouve que ce camp ait été établi sur cette île. Si le nom est ancien, il se rattache peut-être à d’autres événements guerriers oubliés.