Observations sur le bâti du Pays d'Ancenis
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29 avril 2024
Dans notre région où la population croît régulièrement, les constructions se développent alors que s’impose le souci de préserver un espace rural de plus en plus précieux.
Il y a quelques décennies, le département de Loire-Atlantique a édité une brochure permettant à qui souhaitait construire sa maison de respecter quelques critères pour l’intégrer au mieux dans le paysage local, sans pour autant renoncer à l’innovation. À notre tour, tentons de dégager quelques-uns des éléments qui expliquent comment le bâti traditionnel du Pays d’Ancenis s’insère si bien dans le paysage.
Des proportions modestes
Une première observation concerne les proportions des constructions traditionnelles. Nombre de maisons anciennes ou de bâtiments ruraux sont des longères, dont le nom évoque la forme alliée à une hauteur relativement faible, et qui de ce fait ne s’imposent pas à l’œil. Rares sont celles qui présentent plus d’un étage (Ill. 1). Toutefois, dès le milieu du XIXe siècle, on rencontre des granges de hauteur plus conséquente, qui peuvent se prêter, lors d’une réhabilitation, à l’aménagement d’un étage habitable.
Des matériaux locaux
Le bois et le torchis pour les murs, le chaume pour les toits ont de longue date fait place à des matériaux plus durables. Les murs sont le plus souvent issus du schiste qui constitue l’essentiel du sous-sol. Celui-ci est extrait sur place et remplacé alors par une mare où barbotent des canards, une « fosse » (Ill. 2).
Cependant le tuffeau, qui descend de Tours ou Saumur par la Loire, est également utilisé pour édifier de « belles demeures » ou maisons de maître. Cette belle pierre calcaire, fine et blanche, agrémente aussi les encadrements de portes ou fenêtres, ou encore des lucarnes ouvragées, comme on en voit sur des maisons très anciennes (XVe-XVIIe siècles).
Le tuffeau se retrouve aussi dans de petits appentis et autres dépendances. Des blocs de tuffeau servaient à lester des embarcations descendant la Loire. Ce matériau était alors probablement considéré comme sans valeur, ce qui expliquerait son emploi dans ces constructions annexes (Ill. 3).
Les ouvertures
Les fenêtres, rectangulaires, s’ouvraient de préférence vers le sud. Par souci de préserver les occupants du froid comme du chaud, on évitait les grandes ouvertures.
Les toitures
Sur nos rives de la Loire, les échanges avec l’Anjou et ses ardoisières étaient aisés. En témoignent ces nombreuses habitations plus que centenaires aux hautes couvertures d’ardoise. Outre une grande durabilité, l’ardoise, non gélive, présente l’intérêt de s’harmoniser avec le schiste dont elle est du reste très proche sur un plan géologique.
Fréquemment utilisée au Sud-Loire, la terre cuite est introduite dans la région au cours du XIXe siècle. On réserve alors la « noblesse » de l’ardoise à l’habitation des hommes, tandis que la tuile romane, ou « tige de botte », économique et facile à poser, recouvre les bâtiments annexes.
Par sa matière, sa couleur, sa capacité à se patiner dans le temps, le matériau influe sur l’écriture du paysage. La qualité architecturale des constructions et leur bonne insertion dans le site environnant, urbain ou rural, contribuent ainsi à la qualité du cadre de vie.
Rédaction : Association de Recherche de la Région d'Ancenis (ARRA)
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