Mise à jour le 28/04/2023

La famille Hami, vers une nouvelle vie

D’origine syrienne, la famille Hami arrive sur la commune de Loireauxence en décembre 2017. Ils témoignent.

Originaires de Kobané en Syrie, Mustapha, Amina et leurs sept enfants fuient leur pays lorsque Daech envahit la région. Ils se réfugient dans un premier temps de l’autre côté de la frontière, à Sanliurfa en Turquie. Deux ans plus tard, la France leur accorde protection. Non seulement ils quittent leur terre natale mais s’éloignent également des autres membres de leur famille, exilés eux-mêmes dans différents pays : Allemagne, Canada, Russie, Irak... Lorsqu’ils évoquent ce qui les a marqués à leur arrivée, c’est l’obscurité des paysages lors du dernier trajet de Nantes à Loireauxence en voiture qui leur revient. « On ne voyait que des arbres le long de la route, tout était noir », se souvient Yahya, le plus jeune fils. L’ambiance hivernale de la campagne tranche alors avec celle animée de la ville turque qu’ils viennent de quitter.

Pour Mustapha, le premier contact avec la France a été la langue. « Avant de fuir la Syrie, je travaillais sur des forages dans différents pays. J’ai travaillé en Algérie où les gens parlaient un peu français. » L’apprentissage du français est au coeur de toutes les démarches. Les premiers temps, ils peuvent se rendre jusqu’à quatre fois par semaine à Nantes pour prendre des cours. La langue, c’est le passeport pour s’intégrer, trouver du travail, redémarrer une nouvelle vie. Ils découvrent aussi l’association Trampoline, qui dispense des cours pour personnes étrangères à Loireauxence. Mustapha et Amina continuent à prendre des leçons tous les mardis matins pour se perfectionner. Aujourd’hui, Mahmoud, l’un des fils, travaille chez Terrena. Il continue son apprentissage de la langue pour pouvoir demander la nationalité française. « Mon rêve serait de devenir propriétaire et d’avoir une maison à moi », confie-t-il.

Aujourd’hui, les fils Radwan et Mohamed ont trouvé du travail dans la région. Anes est soudeur et recherche actuellement un emploi. Fatima élève son premier enfant et Yasmin prépare l’examen du permis de conduire. Yahya est en 3e. Cette année, grâce à des stages, il découvre différents métiers. En ce moment, il fait un stage de préparateur en pharmacie, pourquoi pas se lancer dans cette voie ? Ce qui compte pour cette famille qui a fui la guerre et la violence islamiste, c’est le calme. « Ici, c’est tranquille », soupire Mustapha. Cette aspiration à la paix explique leur ancrage en Pays d’Ancenis. Ils sont d’origine paysanne et retrouvent ce contact si important à la nature. À Kobané, ils possédaient une vache, des moutons, des poules... Ils se souviennent avec émotion qu’ils ont dû les libérer avant de fuir eux-mêmes. Mustapha retrouve ici le plaisir du jardin et Amina apprécie les promenades en bord de Loire.

Malgré tout, il n’y a pas un jour où Amina n’appelle pas sa soeur restée en Turquie. Mustapha aime retrouver le goût du pays en dégustant le pain traditionnel, fabriqué par un compatriote à Rennes.
La violence du récent tremblement de terre qui a secoué la région en février a ravivé les douleurs de l’éloignement et de l’exil. Heureusement, les membres de leur entourage et de leur famille sont indemnes.
Alors, la vie continue. Souvent, Fatima, leur fille, est là avec leur petit-fils Younes. Cet été, il marchera sans doute. Une tradition kurde consiste, quand un enfant commence à marcher, à feindre le vol d’un sachet de bonbons. Tout le monde alors se met à poursuivre le voleur et cette course joyeuse se termine autour d’un tapis multicolore recouvert de bonbons que tous dégustent !