Mise à jour le 13/02/2017

Artisans d'art : entre excellence et passion

Taille de la pierre, travail du bois, restauration de meubles, modelage de l’argile… des techniques assimilées au fil des années par les artisans d’art. Sur le Pays d’Ancenis, ils sont 72 professionnels d’excellence. Portrait de trois d’entre eux.

Agathe MOISDON, Mosaïste à Oudon

Cette jeune trentenaire excelle dans l’art de la mosaïque. Sa spécialité : la reproduction de photographies avec... des carreaux de grès ! Exercice délicat puisqu’elle a fait le choix de se limiter, pour la majorité de ses créations, à une gamme de cinq tons du noir au blanc. « La sobriété du noir donne de la contemporanéité et de l’élégance à la mosaïque. Avec cette palette restreinte, je viens suggérer l’ombre et la lumière. Et pour créer du relief, je joue avec les tesselles* », raconte Agathe. Pour autant, la mosaïque n’était pas une évidence pour elle. Elle se souvient : « Jeune, je trouvais ces carreaux de cuisine un peu ringards ! » Puis, séduite par la matière, elle a progressé et trouvé son style. « J’ai démarré à 15 ans et expose depuis 2008. Grâce aux retours positifs, j’ai décidé de me consacrer pleinement à mon art, il y a juste un an et demi. Un défi un peu fou mais autant le faire maintenant ! » L’artiste vit chez ses parents à Oudon. Son atelier, c’est sa chambre : « Très pratique lorsque les idées naissent en pleine nuit ! »

*morceaux de grès

ENZO CURRÒ, Vitrailliste à Oudon

C’est sur les conseils d’un ami français qu’Enzo quitte sa terre natale sicilienne, pour s’installer dans la région nantaise en juillet 2015. Avec son accent chantant gorgé de soleil, il raconte amusé : « J’ai fait le voyage en camping-car, une expédition pleine de souvenirs entre l’Italie et la France ! » Formé au dessin industriel (qu’il qualifie, narquois, « d’études terriblement tristes »), il apprend la technique des vitraux et monte à 22 ans un atelier de création/restauration avec son frère Franco. « Mon travail consiste à donner vie à la lumière au travers de vitraux. Je crée des bas-reliefs, je restaure les vitraux anciens, j’habille les portes et fenêtres et j’imagine des décors modernes. » Pour cela, il utilise des plaques ou des dalles de verre de différentes épaisseurs ou du verre de boisson à fond épais. Ses inspirations : les thèmes figuratifs ou abstraits, religieux et ethniques. Ses principaux outils : le cutter pour les découpes, le pinceau à grisaille pour les dessins et son poste à souder pour l’assemblage.

Pour apprécier l’art du vitrail : détour par la chapelle Saint-Méen, au Cellier (réalisation 2016) et la Maison des Créateurs à Oudon.

Florence LAPLACE, Polymériste à Riaillé

D’origine angevine, Florence est venue s’installer du côté de Riaillé, il y a une dizaine d’années. Sa matière première : la pâte polymère. « C’est une pâte à modeler synthétique. Elle se solidifie après cuisson au four. » Ses spécialités : les bijoux, les accessoires et objets de décoration. « Mes pièces sont uniques et façonnées à la main. Je travaille la matière pour donner l’apparence du bois, de la pierre. Certains motifs sont conçus sur le principe de la cane*. Après cuisson, les pièces sont poncées et polies. » Comme Agathe et Enzo, Florence est autodidacte. En 2010, à la suite d’une fin de contrat, elle décide d’aller plus loin et présente son travail au marché de Noël de Riaillé. « Mes ventes réalisées ce jour-là m’ont mises en confiance ! Trois ans plus tard, je postulais auprès de la Mission des Métiers d’Arts. Une reconnaissance nécessaire. » Aujourd’hui, elle partage son temps entre son métier de bibliothécaire (Riaillé) et celui d’artisan d’art, entre créations et ateliers d’apprentissage. « Être artisan d’art, c’est maîtriser sa technique à la perfection et savoir capter au plus juste une demande particulière. Avec, dans chacune de nos créations, une part de notre histoire... »

*Petits bâtonnets de pâte avec un motif modelé sur toute la longueur. Les pièces sont obtenues en coupant des tranches plus ou moins fines.